Hiver
Habillé de chaussettes blanches, l’hiver est venu pendant la nuit,
Il veut t’ attirer dehors par sa beauté, sans bruit.
Le tapis blanc scintille de mille feux,
Et sa magie t’a piégé un petit peu.
Sans chapeau tu as osé sortir,
Les oreilles de froid te font souffrir.
Les dents se mettent à claquer,
La pointe du nez déjà à demi gelée.
Rigides sont tes doigts de pieds et des mains,
Que tout cela est vraiment malsain!
Avec nostalgie tu penses dès lors au fourneau bien chaud,
Sur le divan enroulé dans la couverture, étendu sur le dos.
Veuilles donc cesser de rêvasser,
Pelleter, voilà le temps à passer.
Te changer , mettre de laineux sous-vêtements,
Des habits plus épais, doubler les gants,
Ôter la veste bien trop légère, à l’agonie te mènera
Autour du cou une écharpe longue tu rouleras.
Avec de la graisse bien enduite, tes bottes tu dois cirer,
Sinon adieu les nageoires gelées, fini les virées.
Ton nez rouge-carotte, couvres-le bien,
Ce sera moche, mais te coûtera rien.
Alors prêt à sortir, sautilles dans la poudreuse ,
La chute ne sera nullement douloureuse,
Douillettement rembourré, roules en riant sur la descente,
En bas arrivé, lestement,et en courant , tu remontes.
Et sans donner l’impression de te fatiguer
Tu ne cesses ainsi de te réchauffer.
Sportivement entraîné, construit un grand igloo d’esquimaux,
Invites les enfants du quartier à venir y boire une tasse de choco,
Des Bretzel salés et bien beurrés l’accompagneront.
Je parie qu’aucun ne dira: « Du froid nous souffrons. »
Après cela, vas luger comme lorsque tu étais enfant,
Cries de joie et des plaisirs nouveaux cherchant.
Certaine que te restent encore quelques forces
Pour pour faire du patin, une petite amorce,
Sur le miroir de glace fonces joyeusement,
Et là tes dernières forces t’abandonnant,
Te réjouir tu peux enfin, en toute conscience nette,
Rejoindre ton fourneau doux, de santé tu pètes,
Une si belle journée sans regret amer,
Restera dans ta mémoire de grand-mère!
Un conseil sage: ne t’approches pas trop du fourneau brûlant,
Car les membres deviendraient de douleurs, mordant,
Comme des clous, piquant dans les jambes et les doigts,
la chaleur pénétrant, faisant tant mal, de quel droit?
Pourtant je ne veux pas gémir, il n’y a que se réjouir!
Car enfin j’ai retrouver mes plus merveilleux plaisirs d’antan,
quand, enfant, l’hiver glacial je l’attendais, d’impatience trépidant !
Ursula Placenti