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| En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne | |
| | Auteur | Message |
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barbier
| Sujet: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne Mer 13 Nov 2013, 3:02 am | |
| Manuela, oui la guerre civile espagnole a été terrible aussi.
J'ai été témoin bien des années après, quand j'étais élève-infirmière d'une histoire dramatique... Ton témoignage vient de me le rappeler . En fait, j'ai fait un stage dans les années 75 dans un hôpital psychiatrique . Ce stage m'a dégoutée de la psychiatrie , du moins telle qu'elle était pratiquée à l'époque ! Je me souviens qu'à cette époque, les "infirmières " étaient formées sur le tas, sans vraies compétences ni formation... ça a beaucoup changé heureusement !
Mais moi qui faisait une formation d'infirmière diplômée d'état, j'étais choquée! La plupart des plus anciennes n'étaient là que parce que ça leur permettait d'avoir un travail et un salaire, comme elles seraient aussi allées à l'usine. Pas de formation réelle, un " diplôme" d'école, celle de l'hôpital, non reconnu ailleurs, et la formation quasi inexistante ! J'avais l'impression que certaines, en particulier celles qui travaillaient dans les " services fermés", c'est à dire là où on casait les malades jugés incurables, n'étaient autres que des gardiens de prison ...
C'est dans ces années là que la formation qui existe aujourd'hui a été mise en place, les infirmières psy sont aujourd'hui de vraies infirmières DE qui ont choisi cette spécialité , avec une réelle formation, un réel désir de soigner !
J'ai fait un stage dans un de ces services en 75 ou 76.
Pas de vrais soins, on donnait les repas, les médicaments, on faisait la toilette de ceux qui en étaient incapables, on faisait des changes...les malades aussi travaillaient, ils faisaient la vaisselle, le service, les lits... Le reste du temps, le personnel faisait de la surveillance, on essayait parfois d'en occuper certains, ceux qui en étaient capables.
Nous avions beaucoup de temps " libre" , les infirmières papotaient dans leurs bureaux et si on demandait à quoi on pouvait se rendre utiles , on nous répondait d'aller voir les patients, de leur parler ... J'avais repéré une dame qui semblait toute gentille, toute douce ... Donc j'ai eu envie d'aller vers elle.
La première fois que je lui ai parlé elle a levé la tête, apparemment très surprise !!! J'ai insisté, elle a fini par marmonner quelque chose d'incompréhensible ... Puis au bout de quelques jours elle a fini par sourire quand elle me voyait approcher et un jour , miracle ! Elle m'a parlé ! Et là, surprise encore, elle m'a parlé en espagnol !
Vu que je le parle un peu je me suis mise à lui répondre, elle a eu un sourire heureux et on a eu une vraie conversation... Enfin comme on peut en avoir avec quelqu'un qui est dans un hôpital psy depuis 40 ans !
Intriguée, j'en ai parlé aux infirmières... Réponse : " Ah tu as parlé avec la vieille folle? t'as de la chance si elle t'a répondu, nous elle ne nous répond jamais !" J'ai répondu qu'elle m'avait parlé en espagnol , j'ai demandé si elles, elles lui parlaient en espagnol , évidemment, ça a déclenché des rires !
Vu que je pouvais consulter les dossiers, j'ai demandé le sien. Les infirmières ont ri me disant que je n'y trouverai rien d'intéressant. Détrompez vous ! J'ai pu lire l'histoire de cette dame oubliée de tous ! et ça ne m'a pas réconciliée avec la psychiatrie !!!
Cette dame était bien espagnole. Elle était arrivée en France en pleine guerre d'Espagne. Réfugiée avec son mari et ses deux fils, déjà de grands ados. Le père avait souhaité les mettre à l'abri avant de repartir se battre.
Cette pauvre dame s'est donc retrouvée seule avec ses deux fils, dans un village du sud de la France, ne connaissant personne, inquiète pour son mari ... Peu de contact avec les gens du village vu qu'elle ne connaissait aps un mot de français . Hélas, quelques semaines après son arrivée , elle a appris le décès de son mari. Ce qui bien sur a du la plonger dans un grand désarroi !
Mais ses deux fils ont décidé de poursuivre le combat de leur père, ont laissé leur maman seule , la pensant en sécurité, et sont partis à leur tour se battre...
Le maire du village a eu peu de temps après la charge de l'avertir du décès de ses deux fils ! A partir de ce jour, elle s'est enfermée chez elle, les voisins essayaient de lui venir en aide, mais peine perdue, elle pleurait, ne s'alimentait plus , ne communiquait plus.
On imagine sans mal sa détresse, sans ressources, sans personne qui puisse lui parler et comprendre sa langue...
Le maire a fini par écrire au préfet, demandant son placement en raison de sa détresse morale. Je pense après avoir lu cette lettre qui était dans le dossier, que ce brave homme pensait qu'on allait lui venir en aide... En fait , personne , jamais n'a même essayé de communiquer avec elle en franchissant la barrière de cette langue !
Elle s'est retrouvée internée d'office, sans jamais avoir reçu une visite, sans que jamais plus personne ne se soit penché sur son cas, sur les raisons ...
Mon stage a duré un mois, pendant ce temps j'en ai parlé aux autres élèves qui parlaient aussi espagnol, on s'est relayés auprès d'elle tant qu'on a pu. Elle a pu nous raconter, parler !!
Son comportement a commencé à s'améliorer, le personnel le remarquait, elle était plus souriante, guettait notre arrivée , se mettait à participer un peu à la vie du service alors qu'auparavant elle s'isolait ... On en a parlé à une jeune interne en lui expliquant la situation, elle 'la examinée et nous a dit qu'en effet la vie de cette pauvre dame était un immense gachis.
De nos jours on aurait soigné sa dépression, on ne l'aurait pas internée !
Quand on a quitté le service à la fin de notre stage, elle allait mieux et le personnel était en train de négocier son entrée dans une maison de retraite où elle pourrait être beaucoup mieux !
Je n'ai pas eu de nouvelles d'elle, j'espère que ça a pu se faire et si oui que ça s'est bien passé !
Comme quoi, quand on parle de guerres, on pense aux soldats, aux morts, mais combien de drames se jouent autour ????
Voila Manuela pourquoi je peux comprendre ce que ton papa a vécu ... | |
| | | Manuela
| | | | barbier
| Sujet: Re: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne Jeu 14 Nov 2013, 3:40 pm | |
| Oui Manuela, j'imagine que ça doit faire du bien de parler de tout ça, et c'est si important de ne pas oublier, de transmettre ... Tu étais bien jeune sur cette photo, l'âge dont habituellement on se rappelle peu, mais quand les faits nous marquent, même très jeunes, les souvenirs restent ! Je t'embrasse. | |
| | | josiane
| Sujet: Re: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne Ven 15 Nov 2013, 1:58 am | |
| Malou ,j'aie battue les pavés Parisiens pour obtenir un diplôme d'état en psy ,qu'il soit le même que nous ,ainsi après les infirmières pouvaient choisir librement leur poste ,j'aie passée mon DE en( 68 !!) la situation avant n'était pas brillante de même dans les hospices ,toutes les personnes grabataires ,qui attendaient une fin nous étions peu nombreuses ,des grandes salles communes ,j'avais 28 patients ,une partie des comas végétatifs il y avait les séquelles de polios ,tous étaient ventilées ,je me trouvais chez les femmes ,avec de la rééducation pour celles qui étaient conscientes tout a bien évoluer de nos jours et c'est tant mieux ,mais il y a fort a faire .... C'est affreux ces récits ,mais la dernière guerre n'était pas mieux ,ma mère n'avait pas 20 ans quand mon père est parti avec une de mes sœur ,l' autre venait d'être enterrer 2 jours avant le départ ,ensuite mon père a eu une permission pour l'enterrement de mon grand père ,ainsi ma 2 ème sœur est née et maman s'est retrouver seule jusque la libération des camps ! les témoignages ne manquent pas ,pourvu qu'il n'y en aient plus de guerres mais la folie des hommes ... BISOUS A TOUES | |
| | | barbier
| Sujet: Re: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne Ven 15 Nov 2013, 6:30 am | |
| Merci Josiane de ton témoignage ... Si le courage de mon grand-père a été reconnu, je suis bien consciente que des milliers d'autres l'auraient aussi mérité ... Vos histoires sont bien plus dramatiques que celle de mon grand-père... Vous aussi pouvez être très très fières de vos ancêtres ! Pour ce qui est des infirmières, moi j'ai passé mon DE en 77, le nouveau diplôme commun était encore en discussion, je ne sais plus bien à quelle date il a été mis en place , mais c'est sur que ça a du énormément changer de choses. je me souviens qu'ici, l'hôpital psy en question était considéré à l'époque comme le plus à la pointe avec de la recherche etc... Mais je sais aussi que quand nous y sommes arrivées en stage, nous étions très attendues par les infirmiers les plus jeunes qui ne demandaient qu'à apprendre les techniques, qui souvent était déjà un peu plus instruits . (Beaucoup des anciennes infirmières étaient arrivées là suite à la fermeture d'une usine de la ville fermée pour le danger qu'elle représentait pour les employés!, Elles n'avaient souvent aucune formation , encore moins de vocation et souvent faisaient ce travail uniquement parce qu'il faut travailler et en fait n'aimaient pas ce qu'elles faisaient , sauf la tranquillité que ce travail leur procurait financièrement et que personne ne leur demandait de vrai investissement) Ce anciennes infirmières par contre n'appréciaient pas souvent notre présence, et ça a été pire quand les premières infirmières DE sont arrivées, elles se sont senties dévalorisées et leur ont réservé un accueil plus que froid, ne faisant rien pour faciliter leur intégration, allant même jusqu'à imaginer toute sorte de méchancetés pour leur nuire ! C'est désormais loin , j'en connais quelques unes, beaucoup ont fait leurs stages dans les services où je travaillais puisque l'école d'infirmières dépend de cet hôpital. J'en vois qui se dévouent énormément , heureusement , les temps ont changé ! il y a eu des tas de restructuration, en particulier pour éviter les internements abusifs ... C'est marrant qu'on se retrouve sur dentelles pour évoquer ce genre de choses !!! Comme quoi , le site de Liane est super, il nous permet des échanges qui sont loin d'être superficiels ! Bisous | |
| | | mamanjaja
| Sujet: Re: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne Sam 16 Nov 2013, 3:56 am | |
| Merci les amies pour ces récits très poignants. J'ai eu l'occasion aussi par le passé notamment de 1967 à 1970 d'aller voir une tante d'adoption qui avait eu la méninge à 6 ans et qui au décès de sa maman (grand mère maternelle d'adoption puisque maman a été abondonné à 5 jours) a été placée dans ce qu'il appelait le service indigent. Affreux, comme tu le dis c'était un service entre l'hopital psy et l'hopital dirigé par des religieuses. Les personnes étaient suvies tant bien que mal, Louise la personne dont je parle était de corvée à l'épluchure des pommes de terre dans une pièce inconfortable, mal éclairée avec des monticules de patates devant elle, le midi elle était de corvée vaisselle et tout ça bien sur gratuitement. La pauvre ne pouvait pas se défendre car sa tête était restée à l'état de 6 ans mais avec des crises de colère par moment lorsque la coupe était pleine. Elle est restée dans ce service de 1964 à 1978 date à laquelle le service a enfin été fermé et Louise a été transférée dans un service qui ressemblait davantage à une maison de retraite ou de repos ou elle a fini ses jours un peu plus sereinement. J'avais visité aussi un hôpital psy toujours en 1965 j'avais donc 13 ans et aujourd'hui je suis toujours marquée par ce que j'y ai vu, un personnel totalement incompétent, des aliénés dans un état pitoyable je comprends donc que vous en tant qu'infirmière diplômées vous avez pu ressentir lors de vos stages, moi je ne suis restée que 2 heures en visite et j'en suis ressortie complètement abasourdie. Oui Malou les forums permettent aussi ces échanges très constructifs. Bisous | |
| | | Maygagnon
| Sujet: C'est vraiment triste Ven 22 Nov 2013, 8:56 am | |
| Parfois nous avons un petit bobo et on se plaint ici au Canada nous avons jamais ce genre de guerre nous sommes vraiment chanceux et on se plaint pour des choses que nous pouvons changer sans avoir recours aux forces armées. Je vous plains d'avoir eu à traverser ces terreurs mais vous en êtes sorties avec grandeur félicitation Bonne journée Yvonne | |
| | | barbier
| Sujet: Re: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne Dim 24 Nov 2013, 6:22 am | |
| Merci Jacqueline et Yvonne de vos petits mots. Bon dimanche à vous . | |
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| Sujet: Re: En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne | |
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| | | | En réponse à Manuela après son témoignage sur la guerre d'espagne | |
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